Trace !
Empreinte laissée dans le temps ? Impératif du verbe tracer ? Trace ta route, trace ton chemin … Avance ! C’est un peu flou. Ce flou est accentué par l’effet de pixel qui s’étire sur la toile et qui déforme l’image.
Il y a un trouble, car une oeuvre ne se lit pas de manière frontale mais plutôt de manière longitudinale. Il y a des strates et plus les strates sont nombreuses, plus les interprétations sont possibles.
Le format est vertical, élancé, un mètre vingt de hauteur par cinquante centimètres de large. Il est bien entendu adapté, au motif principal qui se dessine … Un arbre. L’arbre de vie ? Est-ce une ligne de vie qui se déroule devant nous, un cheminement entre les obstacles qui se dressent devant nous ? Le spectateur, planté immobile devant la toile, se trouve embarqué dans un road movie. Le road movie d’un peintre, qui à l’instar d’un train qui arrive en gare, repart inlassablement. Laisser une trace à coup de pinceau, à coup de pixel tel est l’ambition. L’ambition d’un artiste qui souhaite laisser une trace de son passage. Peut-être même plus généralement l’ambition de chaque être humain.
Les feuillus sont nus. L’arrière plan est d’un mauve pâle avec une dominante bleutée. C’est froid. Sur le haut le ciel gris blanc ne laisse planer aucun doute sur la saison. C’est l’hiver.
Il n’y a pas de matière. Les motifs se dessinent uniquement par de légères touches de peinture fortement diluées. La référence aux impressionnistes est là, même si leur touche était plus épaisse. Il s’agit presque d’un travail d’aquarelle, mais à l’huile.
Trace est une marque laissée dans le temps. Une trace d’un temps passé, une empreinte indélébile qui marque la mémoire. Nous sommes devant un cheminement, celui de la pensée.
La partie basse est juste esquissée, toujours très légère en ce qui concerne la matière. Tellement légère que la peinture laisse clairement transparaitre le grain de la toile. La série aurait pu être réalisée sur bois, logique lorsque la figuration principale est un arbre ? Mais ce grain de la toile présent sur l’ensemble du tableau n’est pas là par hasard, non il s’agit d’une analogie visuelle au pixel. Toujours cet aller/retour permanent entre le numérique est l’analogique. Car le sujet est toujours l’espace mental et non pas l’arbre. Lui est le prétexte. Un motif, même si sa dimension symbolique fait sens. La déformation par cet étirement de l’image renvoie à la mémoire, ou plus exactement aux troubles de la mémoire. A la déformation l’image qui s’étire dans le temps.
Si tu es partant pour cheminer entre ses arbres, réaliser un road-movie dans ton espace temps alors clique sur ce lien :
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