Sans matière

Est-ce que sans matière veut dire sans consistance ? Si la matière de mes peintures, ma touche n’a pas d’épaisseur c’est quelle renvoie à l’impalpable au non concret à l’indicible. Si elle doit avoir une couleur, cette couleur serait par reflet grise. Elle renvoie à la légèreté même si mes pensées, elles, ne le sont pas toujours … Normal ! 

L’impalpable, c’est l’intouchable mais si on ne peut pas toucher la matière de mes tableaux du bout du doigt, tu le peux par le bout de ton esprit. C’est le but, si toutefois il y en a un … Concret, palpable. 

Sans matière apparente, il est pourtant tout à fait possible de donner du relief à une représentation. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais il n’est pas indispensable d’étaler, de superposer des couches de peinture pour simuler les reliefs d’un rocher, d’une montagne. Les ombres ça existe et c’est impalpable, sans relief une ombre, insaisissable, impossible à toucher du bout du doigt. Il ne s’agit pas uniquement d’étaler de la matière, il s’agit surtout de faire sens. Comment parler d’un souvenir, d’une sensation éprouvée, d’une émotion de meilleure manière que de façon impalpable ? Et puis la peinture ne se vend pas au poids à ce que je sache ? Les miennes se veulent légères … Comme une pensée … Même si elles ne le sont pas toujours. 

Si il y a matière à peindre sur le sujet je ne suis pas pour autant obligé d’en étaler des tartines de matière et il ne s’agit en aucun cas d’une histoire d’économie ! Certes la matière première d’un peintre n’est pas donnée mais je ne suis pas avare, surtout lorsqu’il s’agit de matière grise. 

La surface est sans relief, mais il y a du relief sous la surface, comme de l’autre côté du miroir, de la vitre ou de la surface de l’eau. C’est derrière cette surface lisse, plutôt froide et souvent transparente qu’il faut chercher. La consistance est la ! Plonger dans l’eau glacée, brisée la vitre comme on brise la glace ou faire le tour du miroir demande de l’énergie, parfois même du courage. C’est donné à tout le monde mais pourtant pas grand monde le fait ?! Une surface lisse ça fait peur, ça peut être dangereux, tu peux te casser la gueule, ça glisse comme sur une patinoire alors qu’avec les aspérités de la matière tu peux toujours avoir une prise à laquelle te raccrocher … C’est rassurant !

Alors mes peintures ne sont peut-être pas rassurantes, réconfortantes ? Elles ne sont pas des doudous, de grosse peluches ridicules … Enfin j’espère ! Elles sont écrans sur lesquels ma pensée est projetée et elles peuvent avoir cet effet miroir où tu peux te refléter. Et pas d’inquiétude à avoir, des aspérités, du relief tu en trouveras sans aucun doute. 

As-tu le courage de glisser sur la surface, de t’enfoncer sous le reflet pour découvrir les récifs de tes profondeurs ?

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